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Humanitaire : les plastiques au cœur de l’action
Soucieuse d’efficacité, l’action humanitaire mise sur des produits et des équipements robustes et fiables pour faire face aux situations les plus imprévisibles. Quelques polymères très polyvalents figurent parmi ses matériaux de prédilection.
Humanitaire : les plastiques au cœur de l’action
Humanitaire : les plastiques au cœur de l’action

Les plastiques à la rescousse des sans-abris

Code rouge pour les abris d'urgence

La première chose dont les victimes de catastrophe ou de conflit ont besoin, c’est d’un abri. Assurer cet hébergement d’urgence est donc une priorité de la plupart des opérations humanitaires. 
A lui seul, le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR) dispose, dans ses trois centres de Dubaï, Copenhague et Durban, d’un stock quasi-permanent de 50000 tentes familiales. Avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), cette agence de l’ONU a beaucoup contribué à la standardisation des abris d’urgence distribués dans les camps. C’est ainsi que se sont imposés les tentes familiales offrant à 5 personnes, un espace habitable de 16 m2 et un tapis de sol en polyéthylène tissé… Pour une période minimum de 12 mois.

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© Alpinter

Au gré dphoto2es crises et des contraintes climatiques, des adaptations se sont avérées nécessaires. Après le Rwanda, la tente classique en coton imperméabilisé plutôt destinée aux climats secs, a été remplacée par une nouvelle version plus légère, en tissu contenant au moins 40% de polyester… Cependant, la pertinence de ce modèle, notamment sur le plan logistique, est aujourd’hui contestée.
Après le séisme de 2010 à Haïti, la société belge Alpinter a développé le concept RED, pour Rapid Emergency Dome. Avec une surface utile et une durée de vie équivalente aux modèles conventionnels, cette tente en toile de polyéthylène haute densité s’avère beaucoup plus performante, en phase opérationnelle grâce à un allègement de 50% et un coût de fabrication inférieur de 40%

Rétrospectivement, le fabricant estime qu’à budget équivalent, ses donneurs d’ordre auraient pu abriter 117000 haïtiens au lieu des 50000 secourus, à l’tenteépoque, avec ses tentes standard.

 

Un hôpital en PVC pour les "French Doctors"

Un camp de réfugiés n’est pas seulement un regroupement d’abris de fortune ou de tentes bien alignées. Dès l’arrivée des personnels humanitaires, il accueille des équipements à vocation sanitaire, scolaire ou de stockage… Ces structures mobiles indispensables différent peu de celles utilisées par les militaires. Si la couleur claire remplace les tons sable ou kaki, avec ou sans camouflage, des contraintes de poids, de modularité, de durabilité opérationnelle imposent les mêmes matériaux. L’enveloppe extérieure est le plus souvent confectionnée avec des tissus enduits de PVC, ignifugés et résistants aux conditions climatiques extrêmes et aux UV. 
L’imperméabilité et la résistance de ce matériau a permis le développement des tentes dotées d'arches gonflables destinées en particulier à l’installation des Postes Médicaux Avancés (PMA).

MSF

Pionnier dans le domaine, MédHopital MSFecins Sans Frontière (MSF) a poussé le concept à son plus haut niveau en développant, à partir de 2000, un kit hospitalier modulaire pour les situations d’urgence. Sa structure de base de 8 mètres sur 12, pour une surface de 100 m² au sol, est facile à transporter et rapide à monter. Avec un poids de 1,2 tonne, hors équipements médicaux, elle est opérationnelle dans un délai de 4 à 5 jours et peut accueillir une vingtaine de lits ou deux blocs opératoires avec salle de réveil.
Utilisée au Pakistan, au Yémen, dans la bande de Gaza et actuellement aux Philippines, ce module sanitaire a donné toute la mesure de son efficacité à Haïti où, au gré des extensions successives, MSF a créé dans le quartier Drouillard de Port-au-Prince, un hôpital de toile de 125 lits qui assure des services d’urgences, de soins intensifs et de chirurgie, notamment des grands brulés ainsi que le suivi ambulatoire, psychiatrique et la rééducation fonctionnelle.

La bâche plastique prend le dessus

La crise du Rwanda, avec ses camps improvisés parsemés de tâches bleues a brouillé l’image du camp de réfugiés traditionnel. Elle a aussi marqué l’abâche vènement d’un auxiliaire désormais incontournable de l’action humanitaire : la bâche plastique. Chaque année, les organisations internationales et ONG en distribuent des millions de mètres carrés aux victimes de conflits ou de catastrophes naturelles. 
Contrairement aux tentes, certes normalisées mais pas toujours adaptées aux habitudes locales d’habitat, ce revêtement plastique imperméable, très résistant et peu coûteux, constitue un matériau de construction polyvalent « idéal » pour réparer des bâtiments endommagés ou bâtir des abris d’urgence.

 

Cependant, la bâche plastique, comme la tente, a été « standardisée » selon les spécifications définies par un comité paritaire dirigé par le HCR et MSF. Livrée en feuilles ou en rouleau, elle doit être composée d’une âme tissée ou tressée de polyéthylène haute densité de couleur noire, recouverte de chaque côté d’une couche de polyéthylène basse densité, pour un poids minimum de 200g/m2.
Certains fabricants ont développé des bâches plastiques insecticides (ITPS) imprégnées le plus souvent d’une formulation de deltaméthrine à libération lente sur une période jusqu’à 12 à 18 mois. Elles sont cependant peu employées par les organisations humanitaires qui, dans leurs installations d’accueil, lui préfèrent généralement des moustiquaires en polyester. 

electricité

Habitat transitoire : Ikea mise sur les plastiques

Au début d’ikeaune crise, il est impossible de savoir à quel moment les réfugiés pourront rentrer chez eux. Les abris d’urgence sont prévus pour 12 mois alors que la durée de séjour dans un camp est, en moyenne, de 12 ans. C’est pourquoi l’action humanitaire doit aussi prévoir un hébergement intermédiaire avant d’envisager un habitat durable. 
La fondation Ikea tente d’apporter une réponse à ce problème avec le projet de Refugee Housing Unit (RHU) développé en partenariat avec le HCR. 
Conçu selon le principe « flat-pack » caractéristique des meubles de la firme suédoise, cet habitat « transitoire » de 17,5 m2 destiné à abriter cinq personnes durant au moins trois ans est livré sous la forme d’un kit de 98 kg occupant moins d’un 1 m3.

Son armature en tubes acier léger est susceptible d’être recouverte de panneaux en plastique prévus à cet effet ou, à défaut, de bâches plastiques.essai homepage Le kit comprend aussi un écran de protection qui réfléchit les rayons solaires et absorbe la chaleur du jour pour la restituer pendant la nuit, ainsi qu’un panneau solaire qui alimente l’abri en énergie. 
Une cinquantaine de prototypes ont été déployés, en 2013, en Syrie et en Ethiopie, pour un coût unitaire d’environ 8000 €. L’industrialisation devrait suivre. Plusieurs entreprises sont d’ores et déjà sur les rangs pour une fabrication en série à un peu moins de 1000 €, sur la base des commandes du HCR ou d’autres grands fournisseurs d’abris temporaires.

Au fond du sac, une maison en dur

Imaginé pour la NASA en 1984, en vue d’hypothétiques établissements sur la Lune et Mars, le concept Super Adobe de Nader Khalili a pris sa véritable dimension, lors de la guerre du Golfe. 
Sollicité par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), l’architecte irano-américain a alors appliqué son idée initiale à la construction d’abris pour les réfugiés selon un principe très simple, basé sur l’empilement de sacs de terre humide, autrement appelé Earthbag construction.
Cette technique a rapidement évolué avec l’utilisation de tubes de polypropylène tissés, un produit peu couteux, très utilisé dans les pays en développement. Elle consiste alors à superposer des « boudins » remplis de sable ou de terre, fixés par un simple fil barbelé intermédiaire, en ménageant des ouvertures pour les portes et les fenêtres.

 

boudinLa pression verticale suffit à solidariser l’ensemble sous la forme d’une enveloppe porteuse, étanche et bien isolée du froid comme de la chaleur. Elle ne craint ni les insectes, ni les moisissures, ce qui est appréciable en zone tropicale. 
En cas d’incendie, la propagation du feu est lente et sans risque d’intoxication car la combustion du polypropylène ne dégage que de l’eau et du gaz carbonique. 
Un simple enduit, intérieur et extérieur, permet de protéger le polymère, plutôt sensible aux ultraviolets, tout en assurant la finition d’une habitation durable de 70 m2 dont la construction n’excède pas 10000 €.
Très soucieux des qualités antisismiques de son procédé, Nader Khalili a toujours préconisé de construire des dômes. Il a été suivi en Afrique et au Moyen-Orient. Mais sa technique a aussi des  adeptes chez les inconditionnels de l’angle droit, en Amérique du Sud, notamment.

 

 

 

 

 

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