Paroles d'expert 3 min

Le recyclage artistique offre une nouvelle vie aux objets en plastique

Rencontre avec Cicia Hartmann, plasticienne spécialiste du recyclage artistique, auteur de nombreuses installations et animatrice d’ateliers créatifs.
Le recyclage artistique offre une nouvelle vie aux objets en plastique
Le recyclage artistique offre une nouvelle vie aux objets en plastique

Vous pratiquez le recyclage artistique. Quel engagement ce terme traduit-il ?

Depuis plusieurs années, j’utilise essentiellement des objets en plastique usuels comme matière première pour réaliser mes créations. Il s’agit, par exemple, de bouteilles de shampooing, de gel douche, de bouchons en plastique de toutes les formes et de toutes les couleurs.
La plupart d’entre eux n’ont été utilisés qu’une seule fois. Mon objectif est de les transformer en fleurs, en personnages, en décoration pour leur donner une seconde vie que j’espère, encore plus durable !

D'où vient votre intérêt pour la mise en valeur de déchets plastiques ?

Le plastique que j’utilise est malléable, souple et coloré. Enfant déjà, j’assemblais des tas de choses pour en faire autre chose. Je regarde les objets et les imagine dans une autre fonction que celle pour laquelle ils ont été fabriqués. La matière des objets que j’utilise pour réaliser mes créations est inépuisable et gratuite. Il n’y a qu’à piocher dans la poubelle avant que ces objets ne partent avec nos autres déchets ménagers ou en usine de recyclage, dans le meilleur des cas.

Je n’utilise pas de colle pour l’assemblage du plastique que je recycle. Je l’utilise brut, ne le peins pas, ne le chauffe pas et mes œuvres sont elles aussi 100% recyclables. Dans ces conditions, peut-on considérer que je suis une éco-artiste ? C’est au public d’en juger !

Quand et comment cette vocation est-elle née ?

Sans aucun doute, c’est lors de mes voyages que je me suis rendue compte de l’importance ou plutôt de l’invasion des déchets plastique. Je ne prétends pas changer quoi que ce soit. Disons que mon travail d’artiste vient prolonger mon geste quotidien de citoyen responsable qui consiste à trier mes propres déchets.
Par réflexion et par association d’idées, c’est dans cette continuité que je me suis mise à recycler de façon artistique la matière plastique que j’avais sous la main, chez moi. C’est aussi en pensant aux enfants défavorisés ne recevant pas de jouet que j’ai commencé à créer des petits personnages et des animaux.

Envisagez-vous l'utilisation d'autres déchets ?

J’utilise déjà divers autres déchets, des sachets en plastique, des boites de CD mais aussi du fil de fer, du bois flotté…
Je réalise des personnages avec de la ficelle ou plutôt avec des morceaux de cordage de bateaux que je trouve sur des plages. C’est d’ailleurs à cette occasion que je me suis rendue compte que ces cordages étaient majoritairement constitués de fibres de plastique. J’utilise du fil de cuivre que je récupère dans des vieux appareils électriques.

Comment réagit le grand public à votre démarche ? 

Le grand public apprécie beaucoup ce concept. Imaginez l’effet produit, par exemple, par présence de quelques 50000 bouchons en plastique assemblés, sur la façade du 59 rue de Rivoli, à Paris, sous forme de mur végétal, avec ses guirlandes de fleurs accrochés. Cela a surpris et séduit un large public, tant les plus jeunes enfants qui perçoivent surtout la dimension ludique que les adultes plus aptes à comprendre ma démarche.

Dans un autre registre, les petits personnages que j’expose ont aussi beaucoup de succès auprès des gens qui apprécient le côté poétique et humoristique.

Les objets plastiques usagés sont-ils de bons vecteurs de créativité pour vos ateliers de création ? 

Oui, très bon, et c’est international ! Les gens aiment «bricoler» toutes sortes de choses et la matière plastique est très agréable à manipuler. Les écoles, les centres de loisirs, les comités d’entreprises sont sous le charme de ces ateliers que j’anime avec cette matière.

 

 

 

Quel est le projet le plus remarquable que vous avez réalisé au cours des 12 derniers mois ?

Bien que ce concept soit déjà ancien, mon projet favori reste le «Mur végétal» réalisé en 10 jours sous les yeux du public dans un centre commercial en banlieue parisienne dans le cadre de l’évènement « Un geste pour la planète ». Finalement  bien qu’inerte, ce « Mur végétal » est très vivant, il voyage, il va de ville en ville, d’expositions en expositions. Utilisé au cinéma, il est actuellement exposé, jusqu’au 9 décembre 2013, dans le nord de la France. Actuellement, certains de mes petits personnages sont exposés à la cité des enfants de la Villette à Paris.

Comment voyez-vous l'avenir de votre démarche ?

Après le prochain atelier créatif que je dois animer à l’Alliance Française de Bangkok, en février 2014, je serai de retour en France pour exposer et animer de nouveaux ateliers pour les enfants ou les adultes, à la demande de mairies et de comités d’entreprise.
Cela me permet de transmettre un peu du savoir-faire créatif que j’ai acquis dans le recyclage artistique de ces déchets plastiques. Je n’ai personnellement pas d’autre solution que cette démarche éducative et artistique pour recycler le plastique.

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