Paroles d'expert 4 min

Banana Rods : un lancement efficace pour un lancer élégant !

Rencontre avec Valentin de Ruffray, dirigeant fondateur de l'entreprise Banana Rods, spécialisée dans la conception et fabrication de cannes à pêche haut-de-gamme.
Banana Rods : un lancement efficace pour un lancer élégant !
Banana Rods : un lancement efficace pour un lancer élégant !

Qu’est ce qui a motivé la création de cette nouvelle marque dans un secteur où l’offre est abondante et diversifiée ?

Abondante assurément, mais « diversifiée » c’est moins sûr ! Car avant de me lancer dans cette aventure, je m’étais justement convaincu que toutes les marques, au contraire, proposaient plus ou moins le même type de produits dont les performances n’étaient pas à la hauteur des effets de design et de technologie affichés.  

C’est en tous cas ce que moi, pêcheur passionné, j’observais lors de mes achats de matériels.  Même en optant pour des cannes réputées haut-de-gamme, je trouvais la qualité décevante.

Et vous avez voulu créer les cannes idéales ?

Je n’ai heureusement pas cette prétention, considérant comme tout pêcheur exigeant mais raisonnable qu’il n’y a pas d’idéal dans ce domaine. Pas plus qu’il y a de cannes universelles. En outre, je n’ai pas seulement suivi mes impressions de passionné mais j’ai aussi pris soin de réaliser des études de marché auprès des pratiquants qui, toutes, laissaient apparaître un créneau pour une offre de matériel personnalisé, réalisé sur un mode quasi-artisanal mais à partir de méthodes et de procédés industriels. C’est ainsi que nous nous sommes lancés dans l’aventure, en 2010, avec mon frère ingénieur, et une poignée de collaborateurs.

 

Votre pari initial a-t-il été rapidement validé ?

Même si le succès n’a pas été fulgurant, il est rapidement apparu que notre approche était viable. Elle était d’autant plus porteuse qu’elle s’est concrétisée au moment où, alors que 90% de l’offre était fabriquée en Asie, les marques les plus en vue commençaient à envisager le reflux des délocalisations. Sept ans plus tard, cette ambition s’est avérée un vœu pieux car il n’y a pas plus de quatre ou cinq vrais fabricants en Europe.

 

Mais est-ce vraiment possible si l’on veut répondre à la diversité des pratiques ?

À toutes certainement pas. Mais il est parfaitement raisonnable de couvrir de manière sérieuse les spécialités « classiques ». La mouche, pratique très élitiste, est évidemment incontournable dès lors qu’on vise la production haut-de-gamme. Si en plus, on est capable de répondre aux attentes des pêcheurs, pour le leurre, au style plus agressif et la carpe, on couvre la majeure partie de la demande des pêcheurs expérimentés.

Qui a-t-il en commun entre ces spécialités ?

Quelle que soit le type de pêche, l’équation de base est assez semblable : il s’agit d’envoyer le plus précisément possible un leurre de la taille d’une proie de carnassier, soit entre cinq et quelques dizaines de grammes, et d’être capable de tracter, en retour, un poisson mille fois plus lourd.  

Le reste est affaire d’expertise pour mettre au point des tiges plus ou moins flexibles adaptées à la technique et aux contraintes physiques de chaque espèce visée. Avec toujours le même objectif : réaliser un outil de haute précision capable de transmettre rapidement et précisément toutes les interactions entre le pêcheur et sa proie.

Sur ce dernier point, qu’est ce qui vous différencie de vos concurrents ?

Les marchés de niche comme les équipements sportifs mettent rarement aux prises de grands groupes industriels mais des PME dont la capacité théorique d’investissement en R&D est équivalente. 

Résultat, les technologies nécessaires à la conception et à la production restent accessibles à de nouveaux acteurs industriels de notre taille ... Alors que « l’artisan » aussi expérimenté soit-il n’y a pas accès. Il doit souvent se contenter d’être un assembleur de composants haut-de-gamme que nous fournissons parfois.

Quelle latitude avez-vous pour sélectionner les matières composites ?

Je vais vous surprendre mais l’écosystème des composites est ainsi fait que nous pouvons prétendre aux mêmes niveaux de qualité des trames et de formulation des polymères que les industriels de l’automobile ou de l’aéronautique. 

Dès lors que votre bureau d’études dispose d’ingénieurs qualifiés dans le domaine des composites – et nos quatre collaborateurs le sont – les quelques fournisseurs mettent un point d’honneur à nous proposer les tissages pré-imprégnés avec les résines les plus élaborées.

Qu’est-ce qui, selon vous, les séduit dans votre approche ?

Pas seulement notre gamme de produits qui n’est pas pléthorique mais je crois l’écoute. Banana Rods leur offre la possibilité, s’ils le souhaitent, de personnaliser, y compris de manière luxueuse, moins d’une vingtaine de modèles de base. Mais ne nous méprenons-pas sur la notion de « haut-de-gamme ». Si certains produits équipés peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros, la majorité des commandes reposent sur des cannes qui oscillent entre 500 et 750 €, suivant le type de pêche.

 

Qui sont vos clients ?

Pas des pêcheurs débutants, évidemment… Ni des milliardaires capricieux non plus. Ce sont tout simplement des pêcheurs assez expérimentés pour disposer en permanence d’un jeu de cannes très performantes, qu’ils ont composées en suivant nos conseils… Et surtout qui sont garanties 10 ans et, le plus souvent, réparables par nos soins. 

Pour ce type de pêcheurs passionnés qui entretiennent souvent une relation très personnelle - parfois à la limite du fétichisme avec leur matériel - la proximité que nous offrons sur le plan technique est très rassurante. Ils savent que, même en cas de pépin, ils ne seront pas privés longtemps des tiges avec lesquelles ils réalisent leurs meilleures prises.

Où vos cannes sont-elles vendues, en Europe ?

Notre premier marché est la France. Pas seulement parce que c’est celui où nous exerçons nos activités mais parce que l’hexagone est, avec plus de 3 millions de pratiquants, le plus gros marché pour la pêche de loisirs en Europe. 

L’autre avantage de la popularité de cette activité est la bonne réputation des fabricants français d’articles de pêche à l’étranger. 

Ainsi nous avons pu fait valoir notre approche très exigeante auprès des moucheurs britanniques qui, en Angleterre, sont plus élitistes que partout ailleurs sur le continent. Allemagne et Italie sont des marchés bien réceptifs également. En revanche, le marché des articles de pêches, très florissant aux Etats-Unis, est une chasse-gardée américaine.

POUR EN SAVOIR PLUS

Crédits photos : Banana Rods

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !